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CONNEMARA de Nicolas MATHIEU – critique

4ème de couverture

Hélène a bientôt 40 ans. Elle a fait de belles études, une carrière. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir. Et pourtant, le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grandes décisions, l’âge des choix. On pourrait croire qu’il a tout raté. Et pourtant, il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Connemara c’est l’histoire d’un retour au pays, d’une tentative à deux, le récit d’une autre chance et d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.

***

Est-ce que je fais un slide PowerPoint avec d’un côté les points positifs et de l’autre ce qui ne va pas ? Non, ça n’aurait aucun sens car il n’y a rien qui ne va pas. C’est le volet A du PowerPoint qui va être rempli ras-la-gueule de tout ce qui m’a touché, renversé, fait vibrer dans Connemara. Les termes sont forts ? Trop ? Parlez-en à Nicolas Mathieu qui fait des mots des armes d’émotions massives. On a trop souvent tendance à faire preuve de pudeur lorsqu’on s’épanche sur un livre, un musique, un film qui nous a touché, comme si trop en dire c’était trop en faire : je ne me cacherai pas derrière une fausse pudeur trop facile, Connemara m’a fait pleurer. 

J’ai certes ralenti la lecture parce que j’étais accroché à ces pages, à ce récit d’un temps qui est passé et qui ne se rattrape pas ; mais j’ai surtout ralenti parce que je me suis retrouvé aussi bien dans Hélène que Christophe, parce que ne pas redémarrer et rester bloqué dans sa voiture à se demander de quoi l’avenir sera fait, à regarder dans le rétro vers un passé alors synonyme du meilleur, bah je l’ai vécu et que revivre ça sous une plume aussi magnifique, ça m’a fait chavirer. Comme un pot de colle Cléopâtre qu’on ouvre sans faire gaffe et qui a l’effet d’une DeLorean lancée à 88 miles à l’heure : les 24 images par seconde de l’avant défilent, imperturbables et implacables, se heurtant à l’immobilité de l’après. Dans Connemara, celles de l’adolescence, de ses promesses qui ne seront pas tenues, de ses fantasmes qui se confronteront à la réalité de l’âge adulte.

Comme les pulsations entêtantes de la chanson de Sardou, le roman imprègne le lecteur de sa mélodie sur le déterminisme social, les faillites de l’âme, les hontes familiales mais sait aussi et (surtout ?) rendre compte du désir, de la passion brute et libératrice des corps : abîmés, vieillis mais portés par l’envie d’un lendemain, d’une parenthèse enchantée qui leur redonnerait foi. En eux. Dans les autres.

C’est magnifique, intime, puissant. 

D’une justesse dévastatrice.

Connemara de Nicolas Mathieu. Éditions Actes Sud. Paru le 2 février 2022.

Crédits photo et 4ème de couverture : éditions Actes Sud

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