UN BONHEUR PARFAIT de JEONG You-jeong – critique

4ème de couverture

Jiyu a six ans et elle est toujours aux aguets de l’humeur de Yuna, sa maman. Car il y a beaucoup de règles à respecter et de secrets à garder. Et lorsque Jiyu ne répond pas à ses attentes, la voix de maman tremble fébrilement et monte à la fin de ses phrases. Cela veut dire, tu m’énerves, et la fillette ne veut surtout pas que cela arrive. Et puis il y a ces rêves terrifiants qui la hantent, elle entend la nuit crier les petits grèbes de l’étang, on dirait que les oiseaux l’appellent à leur secours en criant de douleur.
C’est par les yeux de sa petite fille, de son mari et de sa sœur que se révèlent peu à peu l’inquiétante personnalité de Yuna et ses potentielles capacités de nuisance. Yuna veut vivre heureuse, mais pour cette narcissique au visage d’ange, le bonheur n’est pas une addition de petits instants de joie, mais une soustraction : il faut détruire un à un les facteurs potentiels de malheur jusqu’à ce que tout devienne parfait.
Jusqu’où est-on prêt à aller pour que la vie ressemble au conte de fées que nous avons imaginé ? A moins
qu’elle ne se transforme en cauchemar…

***

« Etre heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections » Aristote

Dans le roman de Jeong You-jeong, Yuna n’a pas seulement décidé de dépasser ces imperfections qui pourraient nuire à sa définition du bonheur, elle préfère les éliminer. 
Purement. Simplement.

Et Un bonheur parfait est d’une perfection absolue. D’une perversité géniale.
Purement. Simplement.

En alternant les points de vue (la fille de Yuna, son mari, sa sœur), Jeong You-jeong tisse une toile complexe, se resserrant au fil de chapitres de plus en plus étouffants et venant mettre en lumière toutes les parts d’ombre d’une personnalité trouble, machiavélique et capable de passer en un instant du sourire le plus pur au regard le plus glaçant.

Hitchcock disait que plus le méchant était réussi, meilleure serait votre histoire : un adage que l’autrice du déjà formidable Bonobo a fait sien dans un récit d’une profondeur et d’une tension psychologique ahurissantes et qui, derrière les mécanismes du thriller, dessine les failles sociétales et familiales de la société coréenne.

Un bonheur parfait de Jeong You-jeong. Éditions Picquier. Paru en mars 2024.

Crédits photo et 4ème de couverture : éditions Picquier

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