Deux agents fédéraux et la famille d’un informateur ont été sauvagement exécutés. Une nouvelle enquête commence pour Sonny Crockett et son coéquipier Ricardo Tubbs, avec une certitude : la fuite qui a permis ce massacre en règle provenait des sommets de la hiérarchie… Les deux inspecteurs découvrent rapidement que les tueurs étaient au service de la Fraternité Aryenne, organisation suprématiste liée à un réseau de trafiquants internationaux doté d’un système de protection ultra-sophistiqué. Poursuivant leurs investigations, les deux partenaires prennent contact avec l’administratrice financière du cartel, Isabella, une sinocubaine aussi experte en investissements et transferts de fonds qu’en blanchiment d’argent. La séduisante Isabella offre contre toute attente à Sonny une chance d’exorciser ses démons…
***
Puissant, électrique et romantique… Voilà ce qu’est Miami Vice. Entrée en matière un peu abrupte certes, mais tout à fait à l’image de ce film de Michael Mann qui, passé le logo Universal, nous plonge directement dans son univers, ses personnages pour ne plus les (nous) lâcher pendant 2h15.
Quand Miami Vice – Deux Flics à Miami arrive sur les écrans à l’été 2006, difficile de mettre de côté les souvenirs liés à la série télé ou du moins l’image que celle-ci a pu laisser dans une sorte d’inconscient collectif : un exemple du pire des années 80.

On pense au côté clinquant, au look de Don Johnson avec ses costumes Armani et ses brushings… bref, on oublie en fait à quel point Miami Vice a littéralement bousculé l’univers des séries policières à la télévision. Créée par Anthony Yerkovitch et produite par Michael Mann, c’est ce dernier qui va réellement façonner le show et y apporter tout ce qui en fera son succès: des intrigues très noires, un style visuel inédit et surtout une utilisation de la musique proprement hallucinante ! Comment oublier le pilote de la série qui voit Sonny Crockett fendre la nuit avec sa Porsche tandis que Phil Collins emplit l’espace avec son tube In The Air Tonight? La fin bouleversante d’un épisode sur fond de Brothers In Arms de Dire Straits? Miami Vice est tout simplement une date dans l’Histoire des séries télévisées et voir le génial Michael Mann replonger dans cet univers a de quoi inquiéter ceux qui voient seulement en lui le cinéaste et qui oublient le formidable travail du réalisateur de Heat sur le petit écran (Crime Story, Robbery Homicide Division ou la récente Luck, créée par David Milch)…

L’adaptation sur grand écran de Miami Vice montre l’évolution artistique d’un auteur qui cherche de plus en plus, au fil de ses oeuvres, à capter la vérité la plus pure, l’émotion la plus brute : paradoxalement, le film n’est pas facile d’accès et apparaît froid au premier abord. Pourtant cet hermétisme n’est qu’une façade, celle adoptée par les deux héros Sonny Crockett et Ricardo Tubbs: deux flics sous couverture qui risquent leur vie à chaque instant et dont l’expression des sentiments peut très vite signer l’arrêt de mort… Cette distance vis-à-vis de ce qu’ils ressentent se matérialise à l’image de la même manière : Michael Mann, toujours au plus près de l’Homme et de ce qui le définit le plus, adopte au départ un point de vue lui aussi en retrait…
Inutile de dire que pour un blockbuster estival, la douche est plutôt froide pour ceux qui attendaient un nouveau Bad Boys pétaradant et bourré d’humour !

Pourtant, cette retenue vole en éclat au moment où la magnifique Gong Li (dans le rôle de la femme du trafiquant, Isabella) entre en jeu: Sonny Crockett (Colin Farrell dans son meilleur rôle assurément) tombe sous son charme et ce sont les sentiments, les émotions qui prennent le dessus. Tiraillé entre ce qu’il doit faire (son job : arrêter des trafiquants de drogue) et ce que son coeur lui dicte (l’amour), le flic emmène le film vers des sommets de romantisme: virées à Cuba, danses lascives, scènes d’amour torrides… Avec une caméra au plus près des corps, c’est tout le talent pictural de Michael Mann qui explose à l’écran : tourné en HD, le film est somptueux, le grain de l’image amène des détails insoupçonnés et on ne peut s’empêcher de rester ébahis devant des plans de nuit tout simplement splendides. Dans un monde où le mensonge et la duplicité sont rois, Mann s’attarde sur la passion, celle à même d’amener l’Homme vers sa vérité, une vérité qui n’échappe pas à la caméra du metteur en scène de Collateral.

Ponctué de scènes d’action estomaquantes par leur brutalité et leur sécheresse, Miami Vice prouve encore une fois de manière éclatante que Mann est un très grand réalisateur d’action (remember Le Dernier des Mohicans ou Heat) : toujours au plus près des corps et des coeurs, ces pures décharges d’adrénaline n’en sont que plus fortes ; on touche, avec cet aboutissement stylistique et thématique, au viscéral.

Miami Vice, écrit et réalisé par Michael Mann. Avec Colin Farrell, Jamie Foxx, Gong Li, Naomie Harris, John Ortiz. USA / Allemagne. 132 mn. Sorti le 16 août 2006. Universal Pictures.
